Bénédiction
En un frisson, j’ai rassemblé des fragments de temps qui fleurissaient le long de ton cou.
Ton corps, échoué contre le mien, a émoussé l’effondrement de mes icônes.
L’envoûtement de ce mouvement précis, rituel, a adouci le délitement de mes croyances, et dans ce soulagement spasmodique, mon chagrin a glissé au-delà de toute mesure.
Suspendues dans l’extase,
les fleurs glissent vers l’infini,
leur appétit tremblant en fragilité.
Dans la danse sans fin,
les regards s’effacent, les gestes résonnent,
l’éternité s’épanouit pour se flétrir à nouveau.
Symphonie inachevée
Elle n’est faite ni de matière ni de vide
Seulement de la suggestion d’une forme
suspendue dans ce qui ne peut être nommé.
En ce lieu il n’y a ni avant ni après,
seulement cet instant flottant, sans ancrage,
où rien ne s’impose mais où quelque chose demeure.
Elle flotte dans ce monde retenue en tension
avant d’être.
Elle pourrait ne pas apparaître,
elle pourrait ne pas disparaître,
ou peut-être n’a-t-elle jamais été destinée
ni à l’un ni à l’autre.
À mi-chemin vers nulle part
J’inhale le temps dans l’infini.
Suspendu dans le vert-de-gris,
l’univers porte mon silence comme un ornement,
perdu dans la brume de l’entre-deux.
Tout semble si lointain, dans le vide,
l’horizon n’est qu’un ornement,
vacillant sous l’impulsion de ma frénésie.
Le temps m’entraîne dans son infinité,
sifflant doucement à mes oreilles.
Pacte de sang
Tu as déjà admis ta défaite ;
ton royaume, tu l’as déserté.
Tes nuits, tu les passes à tisser des nuages,
pour t’y percher au lever du jour.
Le sommeil est devenu un abri de fortune.
Ton silence est l’indignation d’un cri.
Tu contemples le vide,
emporté par des vagues d’ambiguïté.
Dans cette promesse du temps,
ta conscience n’est rien d’autre que le sursaut d’un instant.
Tu confonds le rêve avec la réalité,
et l’irréel t’anesthésie.


